L’endroit est calme et bien abrité.
Il se trouve entre la fontaine à flanc de colline et le ruisseau qui coule au creux de la prairie.
Seul un sentier bordé de landes, de bruyère, de fougères et de hautes herbes permet d’y accéder.
Il est construit avec de grosses pierres de différentes tailles et suffisamment vaste permettant à plusieurs personnes de s’installer.
L’eau provenant de la fontaine y coule lentement et régulièrement amenant avec elle les impuretés du lavoir vers le ruisseau en contrebas.
Combien de fois nos grands-mères et mères ont pu parcourir ce chemin et s’installer dans leur caisse en bois pour officier sur une margelle avec leurs battoirs.
Savon de marseille et brosses à chiendent pour gratter les taches, herbe rase de la prairie pour blanchir les draps aux rayons du soleil étaient de rigueur… sans oublier la lessiveuse de service qui enfumait le lieu lors des grandes lessives.
Le bavardage couvrait bien souvent le bruit des battoirs, et l’œil vif des laveuses surveillait, autant les enfants qui jouaient dans le ruisseau, que la propreté du linge.
Le lavoir était aussi le coin des bonnes et mauvaises nouvelles.
Aux dures réalités et difficultés de la vie se mêlaient alors commérage, bavardage, papotage et parfois des critiques des plus acerbes, mais aussi félicitations, consolation, entre-aide ou dépannage.
Les battoirs battaient, les brosses frottaient, les genoux peinaient dans la caisse et les mains tordaient.
Chacun s’accommodait de cette corvée qui est aujourd’hui bien n’est plus d’actualité par l’utilisation de nos machines à laver.
En effet il ne suffit que d’appuyer sur un bouton…et de laisser faire.
Herri Pen-Ker (mai 2017)